Tous deux sont irréprochables, insoupçonnables
de complaisance à votre égard, tous deux ont été
frappés dans leur chair par la Seconde Guerre mondiale.
Comment pouvais-je éviter de revenir sur François Mitterrand
? La photo sur laquelle on le voit serrer la main de Pétain
m'a donné voici trois ans déjà l'envie confuse
d'écrire ces lettres ouvertes, dont votre procès fut
le déclencheur.
Celle que je lui adresse sera aussi l'occasion de me tourner vers
mes confrères journalistes, et d'analyser... l'aveuglement
des autres.
Au dernier moment, après le coup de théâtre de
la révélation par Me Arno Klarsfeld de son histoire
familiale, j'ai complété ce recueil par une lettre au
président de la cour d'assises de Bordeaux, Jean-Louis Castagnède.
Cet épisode, en effet, m'a paru particulièrement éclairant
de l'inadaptation de la justice à traiter un procès
comme le vôtre.
J'offrirai mes conclusions à l'historien Marc Bloch, auteur
de L'Étrange défaite, immortelle chronique de
la défaite de 40, puisque aussi bien ce livre pourrait se lire
comme la chronique d'un étrange procès.
D. S.
Daniel Schneidermann est journaliste au Monde.
Il a publié chez Fayard plusieurs ouvrages, parmi lesquels
Un certain Monsieur Paul: l'Affaire Touvier (1989), en
collaboration avec Laurent Greilsamer.
Il est par ailleurs producteur et présentateur, sur La Cinquième,
de l'émission " Arrêt sur images ".