Pour
le juif, qui voit dans l'immanence le lieu de la création,
de la justice et de la rédemption divine, Dieu est éminemment
le seigneur de l'Histoire, et c'est là qu"`Auschwitz"
met en question, y compris pour le croyant, tout le concept traditionnel
de Dieu.
A l'expérience juive de l'Histoire, Auschwitz ajoute en effet
un inédit, dont ne sauraient venir à bout les vieilles
catégories théologiques.
Mais quand on ne veut pas se séparer du concept de Dieu - comme
le philosophe lui-même en a le droit - on est obligé,
pour ne pas l'abandonner, de le repenser à neuf et de chercher
une réponse, neuve elle aussi, à la vieille question
de Job.
Dès lors, on devra certainement donner congé au "seigneur
de l'Histoire".
Donc : quel Dieu a pu laisser faire cela ?
Hans Jonas